Les e-fuels, un marché en pleine expansion

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© Airbus SAS 2024

Fabriqués à partir d’hydrogène issu d’électricité décarbonée et mélangé avec du CO2 ou du N2 (azote), les e-carburants ont le vent en poupe. Les projets de production se multiplient en France, et les Pays de la Loire se positionnent en tant que leaders de cette nouvelle filière qui permettra de décarboner l’industrie et la mobilité lourde.

Le marché des e-fuels est en train de se développer très rapidement alors qu’il était embryonnaire il y a seulement deux ans. Pourquoi un tel dynamisme ? Trois raisons principales peuvent être avancées :

  • La réglementation européenne a fixé des seuils d’incorporation d’e-fuels obligatoires pour les avions (ReFuelEU Aviation) et les navires (FuelEU Maritime). Les besoins vont donc augmenter rapidement et il est urgent de développer des capacités de production.
  • Les moyens de transport comme les avions ou les navires ont une durée de vie très longue, et les e-fuels constituent la seule option pour verdir rapidement les flottes existantes en parvenant à une neutralité carbone grâce à la réutilisation d’un CO2 déjà émis.
  • L’électrification n’est pas envisageable pour une partie de la mobilité lourde, car elle ne permet pas d’atteindre la puissance nécessaire pour un porte-conteneur, un paquebot ou encore un avion moyen-long courrier. L’e-fuel est alors la meilleure alternative aux carburants fossiles.

Une filière prometteuse pour décarboner l’économie française et booster l’emploi

En septembre, la société de conseil Sia Partners a publié le bilan 2024 de son Observatoire français des e-fuels. 26 projets ont été identifiés en métropole, dont 16 projets de taille industrielle. Les enjeux sont multiples, car la création d’une filière française des e-fuels permettra à court terme :

  • de réduire de 941 000 tonnes les besoins d’importation de pétrole brut, et donc de renforcer la souveraineté énergétique de la France ;
  • d’éviter chaque année l’émission de 2,7 Mt CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de 585 000 véhicules individuels ;
  • de créer 3705 emplois tout en générant 8,1 milliards d’euros d’investissements.

Des projets majeurs en Pays de la Loire

Avec le projet Green Coast, la côte ouest continue de verdir ! Lhyfe, producteur d’hydrogène vert, vient en effet d’annoncer un partenariat avec Elyse Energy, spécialiste de la production de molécules bas-carbone. Leur ambition est de produire 150 000 tonnes d’e-méthanol par an, à partir d’hydrogène vert renouvelable et afin de décarboner le transport maritime.

Ce projet serait implanté à Montoir-de-Bretagne, sur le périmètre de Nantes Saint-Nazaire Port qui a récemment obtenu le label ZIBaC (Zones Industrielles Bas Carbone) et a retenu Lhyfe pour développer un site de production massive d’hydrogène vert au cœur de la zone industrialo-portuaire. Opérationnel d’ici 2028, il disposera d’une capacité de production de 85 tonnes par jour.

Les Pays de la Loire vont également accueillir Take Kair, un projet de production d’e-carburant pour le transport aérien (SAF) qui sera aussi localisé sur la zone du port de Saint-Nazaire. Premier client du projet, le Groupe Air France-KLM est partenaire et utilisera ce e-kérosène pour ses plateformes aéroportuaires françaises.

Ces deux sites de production massive s’articulent avec un troisième projet structurant du territoire : le projet GO CO2, porté par GRTgas et Elengy. Ce dernier consiste en un pipeline dédié qui, à horizon 2029-2030, permettra d’amener le CO2 “difficile à réduire” émis et capté par des industriels majeurs du territoire (Holcim-Lafarge, Lhoist et Heidelberg) jusqu’au port pour être valorisé (e-fuel) ou expédié pour stockage géologique en mer du Nord. Entre 3 et 4 millions de tonnes de CO2, dont une partie de CO2 biogénique, doivent ainsi être disponibles. Il s’agit d’un atout stratégique pour la production d’e-fuels.

Un hub de dimension européenne

Nantes Saint-Nazaire Port porte l’ambition de devenir un hub d’énergie durable de première importance. En plus de la production massive d’H2 et d’e-fuels sur sa zone industrielle, il est prévu de le doter d’un terminal d’importation et d’exportation et de le connecter avec la future dorsale européenne dédiée à l’hydrogène (European Hydrogen Backbone).

Grâce à ces initiatives, la région des Pays de la Loire pose les bases pour créer un écosystème de qualité, attirer des acteurs innovants et développer un leadership à l’échelle européenne.

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