La 92e édition des 24h du Mans qui s’est tenue en juin a fait la part belle à l’hydrogène. La célèbre course automobile prévoit d’ouvrir une catégorie dédiée en 2028 et constitue à la fois une vitrine et un laboratoire de la mobilité H2.
Un village hydrogène de 2500 m² s’est installé au cœur des dernières 24h du Mans. Les spectateurs ont notamment pu y découvrir des prototypes de voitures de course : la H24EVO, troisième modèle de la MissionH24, l’Alpine Alpengow Hy4, la Ligier JS2 RH2 et la Foenix H2 de GCK.
D’autres acteurs étaient présents, comme Toyota qui présentait plusieurs véhicules et usages, mais aussi TotalEnergies avec sa station mobile H2, Ariane Group qui exposait un moteur de fusée, ou encore la startup Systemics Energy et son touk à touk à hydrogène qui a établi un nouveau record en roulant pendant 24h et 708 km avec seulement 2 litres d’hydrogène.
L’Automobile Club de l’Ouest, l’association organisatrice de la célèbre course automobile, a également annoncé pendant l’événement que l’ouverture d’une catégorie réservée aux véhicules H2 était désormais planifiée en 2028 avec un choix technologique en faveur de l’hydrogène liquide.
Un banc d’essai pour mettre à l’épreuve les technos de demain
Une compétition automobile telle que les 24h du Mans représente des conditions extrêmes qui sont extrêmement exigeantes pour les véhicules et notamment leur moteur. Tester des voitures H2 dans ce cadre est donc particulièrement important pour fiabiliser les innovations qui seront utilisées à l’avenir par le grand public.
Des prototypes à hydrogène ont déjà roulé sur le circuit et une catégorie réservée devrait faire son apparition en 2028. Cet aboutissement permettra de caractériser et d’approfondir les principaux défis technologiques qui restent à relever.
En Pays de la Loire, d’autres compétitions permettent de faire avancer la recherche sur la propulsion à l’hydrogène et l’efficacité énergétique. C’est par exemple le cas du challenge Ecogreen Energy, organisé en mai sur le circuit de Fay-de-Bretagne (44). Des étudiants nantais du lycée de la Joliverie et de Polytech Nantes se sont également distingués lors du dernier Shell éco Marathon 2024 en établissant deux nouveaux records du monde de sobriété énergétique avec des véhicules innovants.
Des solutions de motorisation en concurrence
Au même titre que les véhicules électriques, les véhicules propulsés à l’hydrogène n’émettent aucun CO2. Ils présentent de plus deux avantages majeurs : leurs systèmes sont nettement moins lourds, ce qui permet d’augmenter la capacité de charge transportée, et le temps de recharge est jusqu’à 6 fois plus court. Ils se divisent en deux catégories qui présentent des avantages et des inconvénients distincts.
- Les FCEV (Fuel cell electric hydrogen) utilisent un moteur électrique alimenté par une pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène. Il s’agit de véhicules zéro émission et aux performances optimales, car les moteurs sont plus petits, permettant un meilleur aérodynamisme, et il n’y a pas de frottement mécanique. Ils requièrent cependant l’utilisation d’un hydrogène pur à 99 % pour limiter l’usure des pièces.
- Les HICEV (Hydrogen internal combustion engine vehicle) utilisent de l’hydrogène comme carburant durable dans un moteur thermique adapté. Il est plus facile d’adapter des véhicules existants (retrofit) et les moteurs résistent mieux à de fortes sollicitations. Ils présentent néanmoins l’inconvénient de produire des émissions d’oxydes d’azote (NOx).
Pour le stockage de l’hydrogène, plusieurs options existent entre de l’hydrogène gazeux qui est comprimé, et de l’hydrogène liquide, ou cryogénique car maintenu à très basse température. Avec le développement de réservoirs spécifiques pour éviter tout risque de fuite.
Les développements de technologies hydrogène induits par la dynamique des 24h du Mans ont des retombées pour les mobilités en général. Cela se traduit ensuite par des avancées concrètes, et la région des Pays de la Loire est pionnière en la matière :
- avec le déploiement de véhicules : taxis H2 par la startup Hype, véhicules lourds (camions, bus, bennes à ordures), ou encore véhicules non routiers dits offroad, ainsi que l’ouverture de plusieurs stations ;
- avec un riche tissu d’acteurs capables de mettre au point des solutions embarquées pour les mobilités : chercheurs (GIS Perle ou Cetim), sous-traitants, intégrateurs…